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Préface de Guy JAMPIERRE

Diacre et poète

 

Bernard Legras nous a fait profiter de sa passion pour l’art pictural et de ses méditations sur le mystère pascal en concentrant ses livres et ses conférences sur la Résurrection du Christ, et notamment sur le sublime évangile « Les deux disciples d’Emmaüs » (Luc 24, 13-35). C’est sur ce même thème des premières apparitions du Ressuscité qu’il nous propose « Noli me tangere », cette fois-ci d’après le quatrième évangile (Jean 20, 11-18), où est décrite l’apparition à Marie de Magdala. C’est un immense musée qui illustrait « Les disciples d’Emmaüs ». C’en est un autre, tout aussi vaste et tout aussi merveilleux, qui est contenu dans le présent ouvrage.

 

Et cela concerne en fait le même sujet : « comment Jésus Ressuscité est d’abord apparu à ses disciples ? »  ̶  Pas comme on s’y serait attendu, et encore moins comme cela aurait été rapporté, de façon rigoureusement identique, si les disciples avaient inventé ces faits fondateurs de la foi chrétienne. En effet, certains textes mentionnent la présence d’un ange au tombeau, d’autres de deux anges ; divergences aussi en ce qui concerne les apparitions aux femmes : Luc parle de Marie de Magdala, de Jeanne, et de Marie, mère de Jacques ; Marc ne mentionne pas Jeanne, mais ajoute Salomé ; Matthieu cite Marie de Magdala et « l’autre Marie ». Enfin Jean ne se réfère qu’à Marie de Magdala, « Marie-Madeleine » laquelle est seule à être citée par tous, et qui l’est toujours en premier quand il y a pluralité.

 

Ce qui est commun à tous les textes, c’est que le Ressuscité est apparu parmi ses disciples d’abord aux femmes, et ensuite aux hommes. Et que toutes et tous sont passés par le doute  avant l’émerveillement (sauf le jeune disciple, Jean, « qui vit et qui crut » à la seule contemplation les linges mortuaires).

 

Comme le titre « d’apôtre » fut donné aux disciples qui ont vu de leurs yeux le Ressuscité, il est évident que Marie de Magdala fut le premier apôtre… parce que le Christ en avait décidé ainsi. Et qu’elle le vit avant qu’il ne soit remonté vers son Père pour redescendre se faire entendre, voir et toucher par ses amis. Ce qui, c’est clair (Jean 20, 17), justifie le « Noli me tangere » (Ne me touche pas car je ne suis pas encore monté vers le Père).

 

Il est conforme à une discutable mais vieille tradition catholique (jamais partagée par nos frères orthodoxes) que Marie-Madeleine aurait alors été très jeune et charnellement amoureuse du Seigneur ; tradition poursuivie par l’amalgame avec la sœur de Marthe, et même avec la prostituée lavant de ses larmes et de ses cheveux les pieds de Jésus lors du dîner chez le Pharisien Simon (Luc 7, 16-50). Tout cela ne repose sur rien. Ce que saint Luc nous dit suffit à comprendre que Marie la Magdaléenne était aux femmes disciples, ce que Simon-Pierre fut aux hommes (Luc 8,1-3) : un chef, pour son autorité, et peut-être au bénéfice de l’âge.

 

Que ceci ne nous empêche cependant pas de nous émerveiller des tableaux souvent splendides qu’ont peints quelques excellents artistes … point trop soucieux d’exégèse.

 

Je vais vous proposer ci-après les dernières strophes  d’une hymne que j’ai composée pour la fête de sainte Marie-Madeleine, qu’on célèbre  le 22 juillet.

 

                        Réjouis-toi Marie, pleureuse Madeleine :

                        La mort qui l’a saisi n’a pu le retenir.

                        L’Ange est là qui t’attend pour t’en rendre certaine,                                 

Et qui des mots du Christ te fait ressouvenir.

 

                        « J’ai vu Notre Seigneur devant le tombeau vide ! » :                                

– Et l’on ne t’a pas crue. Mais toi, peux-tu nier,

                        Toi qui le cherchais mort, objet d’un jeu sordide,

                        Que tu l’avais mépris pour quelque jardinier ?