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SCIENCE ET FOI : DES RAPPROCHEMENTS ? 

Création du monde, miracles, conscience et matière 

Bernard LEGRAS et Daniel OTH

Préfaces du professeur Jacques Roland et de Mgr Olivier de Germay

Pierre Téqui éditeur (janvier 2021 - 149 p) 

Résumé

 Depuis le XIXe siècle et l'avènement du scientisme comme nouvelle religion, le monde de la science et celui de la foi semblent non seulement séparés mais antagonistes. Nous sommes encore aujourd'hui réduits à cette alternative : le matérialisme qui veut expliquer le monde par le hasard et le hasard seul, et l'hypothèse d'un « quelque chose » capable d'agir en plus du hasard. Toutefois, les découvertes du XXe siècle (le Big Bang, la physique quantique, l'Univers en années cosmiques...) peuvent amener à se poser des questions métaphysiques. Une conscience très supérieure ne pourrait-elle pas bien être à l'origine de phénomènes exceptionnels ? Les auteurs, s'appuyant sur les dernières avancées scientifiques, nous proposent un ouvrage particulièrement didactique qui permettra au lecteur de découvrir que la science peut aider à avancer dans sa foi et inversement. Plusieurs annexes détaillées décrivent les similitudes surprenantes entre la Genèse et les jours de l'univers, l'approche logique de la résurrection de Jésus et les découvertes scientifiques concernant le linceul de Turin.

 

Préface de Monseigneur Olivier de Germay

Archevêque de Lyon

Que l’on soit croyant ou pas, scientifique ou pas, le livre de Bernard Legras et Daniel Oth ne laisse pas indifférent. Il rejoint en effet les interrogations que tout homme se pose un jour ou l’autre sur l’origine du monde et celle de sa propre vie. Avec beaucoup de respect pour les convictions de chacun, mais aussi avec l’autorité qu’offre la rigueur scientifique, Bernard Legras et Daniel Oth bousculent certaines idées reçues. Non, la foi n’est pas irrationnelle ! Les découvertes de la science montrent même que l’hypothèse d’un monde issu du hasard est hautement improbable, on pourrait écrire "déraisonnablement" improbable ! Nul doute que cet ouvrage stimulera les scientifiques en quête de sens, les invitant à s’interroger à partir de ce que la science permet d’expérimenter, sans pour autant s’y enfermer. S’appuyant sur des exemples concrets, les auteurs montrent que, loin d’être un obstacle à une démarche spirituelle, la science peut la favoriser. Autrement dit, on peut être croyant sans renier sa passion pour la science !

Les croyants – au moins au sens chrétien du terme – savent que les miracles ou les conclusions de la science sur l’existence d’une intelligence supérieure, s’ils peuvent favoriser une démarche de foi, ne conduisent pas automatiquement à l’adhésion en un Dieu personnel. Les miracles, par exemple, sont pour nous des signes qui, bien qu’apparemment évidents, laisse une place, même infime, au doute et donc à la liberté. Peut-être marqués par d’anciennes polémiques entre science et religion, les croyants se méfient aussi de ce qui pourrait s’apparenter à un concordisme entre science et Bible. Ce livre les conduit cependant à s’émerveiller devant l’extraordinaire cohérence entre les vérités issues de la raison seule et celles issues de la révélation. En cherchant humblement la vérité, raison droite et foi éclairée se rencontrent. Le temps est peut-être venu de signer la réconciliation entre science et religion ?

  

Préface du Professeur Jacques Roland

Ancien doyen de la faculté de médecine de Nancy

Bernard Legras et Daniel Oth sont des scientifiques aventureux… Ils font un pari plus risqué que celui de Pascal, Dieu ou le néant. Eux tentent d’établir que le Dieu de leur Foi existe bien, d’abord créateur de l’univers et secondairement thaumaturge qui manifeste sa présence bénéfique dans notre société humaine, et tout cela par une approche rationnelle. Ils ont pour ce faire deux instruments, leur compétence scientifique indéniable et leur modestie, qui ne peut provenir que d’une rigoureuse objectivité.  Quand ils avancent des arguments qui vont dans le sens de leur conviction, ils les suivent aussitôt de contre arguments ; sans perdre leurs convictions, ils montrent ainsi la limite de leur certitude et leur respect pour ceux qui ne peuvent (ou ne veulent…) les suivre.

Dans la première grande partie, Bernard Legras fait une synthèse historique des relations tumultueuses entre science et religion. Il n’hésite pas à mettre en exergue leurs différences : la croyance religieuse tire sa force de ce qui constitue le tendon d’Achille de la science. Celle-ci a en effet un point faible : elle ne peut explorer, tant d’un point de vue pratique qu’épistémologique, que des matières où elle a des repères, des méthodes, des expériences. Elle ne peut donc qu’abandonner à la religion, et à la réflexion éthique, le domaine des valeurs. A la recherche du comment des choses, la science ne peut y adjoindre la recherche du sens. C’est pourquoi le débat entre science et religion ne peut être encore tranché car leurs domaines d’exploration sont différents. Comme l’analyse Simone Manon « l’une poursuit un idéal de connaissance de l’ordre empirique, l’autre un idéal moral renvoyant à un ordre métaphysique ». Nous nous sommes certes éloignés, même s’il en reste des résistances partielles dans les différents monothéismes, de religions triomphantes, capables d’étouffer, de condamner des découvertes scientifiques qui les contrariaient. Les réactions d’intolérances peuvent se trouver maintenant aussi du côté de certains scientifiques. En fait les plus grands d’entre eux sont très partagés entre croyants et incroyants d’après ce qu’ont montré des enquêtes chez les prix Nobel. Comme le dit Hubert Reeves, cité dans l’introduction : « la science et la religion ne sont pas incompatibles, mais il vaut mieux les séparer… » C’est bien le défi que Bernard Legras veut relever : combler le fossé apparent qui sépare science et religion. Il utilise pour cela des arguments plus scientifiques que religieux, faisant appel tant à la physique quantique qu’à la théorie de la relativité. Il nous rend le "Big Bang" compatible avec le "au commencement" de la Bible, puis nous apprend de façon très pédagogique comment on peut concilier l’inconciliable : les six jours de la création du monde de la genèse trouvant l’explication de leur distorsion avec les milliards d’années calculées par les astrophysiciens, grâce à la théorie d’Einstein de l’expansion de l’univers après le Big Bang.  Il termine son argumentaire par l’origine de l’Homme et la théorie du "dessein intelligent" en s’appuyant sur des notions statistiques qu’il a tant utilisé dans sa vie professionnelle.

Daniel Oth, dans la deuxième partie traitant des miracles, nous entraîne dans un sujet apparemment moins complexe dans son principe que celui traité par Bernard Legras, mais en fait plus difficile à analyser scientifiquement. Nous sommes là sur le terrain de la Foi, de la subjectivité, de la conviction. La science y est très mal à l’aise. L’épisode de Fatima en 1917 que l’auteur décrit en premier est évocateur de la difficulté d’interprétation, voilà des enfants qui ont une vision de la Vierge. Elle leur annonce qu’un miracle aurait lieu trois mois après à Fatima. Les enfants préviennent leurs parents, la rumeur se répand, une foule se rassemble, attendant un miracle, sous un soleil ardent… que s’est-il réellement passé ? toutes les hypothèses restent ouvertes… Tant d’autres épisodes étonnants se sont déroulés à propos des cultes, le miracle de Lanciano bien décrit par l’auteur, la liquéfaction du sang de Saint Janvier à Naples, certains restés inexpliqués, d’autres dus à des supercheries, la tentation de renforcer la foi des fidèles étant forte pour un clergé pauvre et peu instruit. La discussion sur le groupe sanguin de Jésus est intéressante, spécialement à l’occasion des études sur le saint Suaire, mais rien ne permet de ce fait d’authentifier un miracle. D’une autre importance sont la relation de miracles avec effets sur le corps humain vivant.  Le phénomène des stigmates est bien sûr troublant tant il tend à supposer l’influence corticale cérébrale sur des cibles de l’enveloppe cutanée. Et que dire des guérisons miraculeuses à Lourdes ou ailleurs ? Certes nous connaissons en médecine des guérisons inattendues de cancers apparemment gravissimes, mais des observations de patients guéris à Lourdes sont troublantes. Il reste qu’il s’agit le plus souvent de troubles fonctionnels, et que l’on n’a jamais vu repousser un membre amputé…

Bernard Legras dans les annexes donne une intéressante étude sur le linceul de Turin. Mais surtout il consacre un chapitre à la résurrection de Jésus, qu’il qualifie avec pertinence de "miracle par excellence". Avec objectivité il rappelle toutes les hypothèses possibles mais on connait sa conclusion : le christianisme est né de cette résurrection, sens et espoir persistant de l’ensemble de la chrétienté. 

Merci à Bernard Legras et Daniel Oth d’avoir écrit ce traité passionnant, pédagogique et bien argumenté, qui nous fait réfléchir, entre la religion et la science, à notre sort d’être humain. Merci de l’avoir rédigé avec tant d’objectivité et d’avoir ainsi rendu leurs convictions si accessibles.